15h / Dortoir > Au milieu du désordre - Humour absurde formé sur le tas

Pierre Meunier, texte, mise en scène et jeu

Pierre Meunier parle des pierres, des ressorts, des tas, de la chute, du mouvement. Il ouvre un espace de partage avec le spectateur autour de l’idée du temps rare – et pourtant si nécessaire – à accorder aux choses et aux gens pour voir et percevoir autrement… Un bain de jouvence pour le regard et l’esprit.

Au milieu d'un cercle de gens, un homme prend tout son temps pour entasser des pierres. II pose la dernière, recule lentement sans quitter le tas des yeux. Dans l'assistance on chuchote, on soupire d'impatience, on pouffe, on espère une suite, on est quand même pas venu pour ces pauvres cailloux !… 

Inattendu et dense, le silence se fait. L'homme l'a fait naître. C'est le présent. Moment d’attraction pure. Soudain au milieu d’une phrase, l’homme se met à bondir, à sauter de plus en plus haut, narguant la pesanteur de toute sa hauteur et vantant hors d’haleine les mérites du rebond. Le ressort l’inspire, avec sa manière têtue de résister à la chute. « Un homme qui tombe s’est-il trompé de sens ? » C’est en magicien facétieux que Pierre Meunier se joue de la gravité. Ce rêveur actif tente d’entraîner le public sur le chemin qui mène au cœur caché des choses. 

Trimballant par monts et par vaux ses seaux de cailloux et sa malle de ressorts, il s’estimerait heureux s’il pouvait, le temps d’un spectacle, réveiller la soif de cet élan dont le manque, organisé par notre propre indifférence, nous prive d’établir une relation intime et poétique avec le monde. Avec humour et poésie, l’artiste nous convie à une danse entre l'ordinaire et l'extraordinaire, révélant le potentiel métaphorique des objets et leur capacité à stimuler l'imagination.

16h / Jardin > Invitation au voyage - Claviers nomades

Jeanne Bleuse, piano & clavecin

Au terme d’une semaine passée à sillonner le Saint-Amandois avec sa roulotte, Jeanne Bleuse conclut son voyage par un seul en scène aussi magistral qu’original, et un programme non moins voyageur où se croisent Rameau, Satie, Mozart, Gershwin, Chopin, mais aussi Thierry Pécou ou Meredith Monk.

C’est un projet aussi singulier que généreux qu’a imaginé la pianiste Jeanne Bleuse avec sa « roulotte de concert » : une roulotte emmenée par des chevaux de trait et dont une paroi peut s’ouvrir, découvrant ainsi une mini-scène itinérante équipée d’un piano et d’un clavecin. Aux commandes de celle-ci, une semaine durant, la pianiste vagabonde aura arpenté le territoire, de Hérisson à Saint-Amand-Montrond, avant de se poser dans les jardins de Noirlac pour nous proposer son « invitation au voyage ». 

Avec ce seul en scène original et virtuose qui renouvelle le genre du récital classique, elle nous balade sans bouger de la Renaissance à l’époque contemporaine. De l’irrésistible Marche turque de Mozart aux rythmes flamenco de Falla, d’un virevoltant Prélude de Chopin au jazz langoureux de Gershwin, d’une sarabande de Bach à une valse bancale de Satie, des oiseaux mélancoliques de Rameau au Travel Song de Meredith Monk, elle déploie dans nos oreilles un kaléidoscope de paysage changeants, passant avec grâce du piano au clavecin… jusqu’à jouer des deux instruments à la fois, sur des partitions composées spécialement pour elles par Thierry Pécou et Alexandros Markéas, dans un vrai numéro de cirque musical ! Conteuse autant que musicienne, Jeanne Bleuse invente une autre manière de partager la musique.